Edition 2022 de la Journée internationale « Tolérance zéro à l’égard des Mutilations Génitales Féminines »

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Social Watch Bénin invite le Gouvernement à investir davantage dans les initiatives concourant à l’élimination des mutilations génitales féminines, aux fins de l’intégrité voire, de l’autonomie des femmes et filles au Bénin.

Dimanche 06 février 2022, la communauté internationale célèbre la journée mondiale « Tolérance zéro à l’égard des Mutilations Génitales Féminines (MGF) ». A cette occasion, Social Watch Bénin, par la voix de sa Présidente, Madame Blanche SONON, lance à l’endroit des Porteurs de responsabilités ainsi que des mouvements sociaux un vibrant appel à la mobilisation et à la synergie d’actions pour booster ce phénomène du Bénin. C’est à travers cette interview que la Présidente du Conseil d’Administration de Social fait savoir la position de son institution par rapport au fléau dans notre pays.    

Quelle est la situation des mutilations génitales féminines (MGF) au Bénin Madame la Présidente de Social Watch Bénin ?

Merci beaucoup pour l’opportunité que vous offrez à notre institution de donner sa position sur le phénomène des MGF à l’occasion de la célébration de la journée internationale « Tolérance zéro à l’égard des Mutilations Génitales Féminines ». Mais avant, permettez-moi de partager avec mes concitoyennes et concitoyens la définition de la mutilation génitale féminine pour nous permettre de bien appréhender ses conséquences et comprendre la position de Social Watch Bénin face à cette infamante pratique discrétionnaire.

La mutilation génitale féminine est une opération conduisant à l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou de la fille pour des raisons non médicales. Elle est donc, une infraction commise du fait du sexe.

Au Bénin, comme partout ailleurs en Afrique, les causes de cette opération sont de plusieurs ordres. Elles sont surtout socio-culturelles. En dehors des raisons socio-culturelles, il y a aussi celles économiques parce que les organes amputés à la fille ou à la femme sont malheureusement objet de vente.

Cette pratique qui dénie le droit à l’intégrité physique et psychique de la femme et de la fille a d’énormes conséquences aussi bien sur les victimes, que sur leurs familles voire, la nation.

En effet, sur la victime, les conséquences sont d’ordre sanitaire parce qu’elle entraîne des complications et même la mort des femmes victimes lors de l’accouchement. Il y a aussi les douleurs que peuvent ressentir ces victimes à l’occasion des relations sexuelles ; les fistules, qui mettent des victimes dans une situation hygiénique sexuelle désagréable.

Sur le plan psychologique, ce sont des filles et des femmes qui se sentent diminuées, exclues, stigmatisées.  Il y en a même qui éprouvent de grandes douleurs lors des relations sexuelles. Incapables de faire l’expérience de l’orgasme, elles manifestent un dégout pour les rapports sexuels.

Les victimes de MGF n’arrivent pas à avoir la plénitude de leur intégrité physique et psychique voire intellectuelle pour concevoir et exercer une activité génératrice de revenus. Vous comprenez alors que les MGF entrainent aussi des conséquences économiques, le cas échéant, elles impactent négativement la croissance économique parce que ces filles et femmes n’arrivent pas à jouer convenablement leur partition en matière de production de richesses aux plans familial, communautaire et national.

En dépit des efforts conjugués déployés pour lutter contre le phénomène, ce dernier demeure rebelle avec un taux de prévalence de 7,3% pour les femmes et les filles de 15 à 49 ans, aux termes du rapport d’une étude réalisée en 2019 au Bénin. La même étude a prouvé que ce fléau s’observe surtout, dans la partie septentrionale de notre pays et sa teneur varie d’un département à un autre. En effet, dans le Borgou, le taux de prévalence est de 41,4% ; dans l’Alibori, 26,2% ; dans la Donga, 26% et dans l’Atacora, 14,4%.

Vous parlez d’efforts déployés pour lutter contre les MGF. Quels sont ces efforts ?

En raison des conséquences fâcheuses de la pratique des MGF sur les victimes, leurs proches et pour la nation, notre pays le Bénin s’est doté en 2003 d’une loi pour lutter contre le phénomène. La société civile, grâce aux partenaires au développement a contribué pour beaucoup à la lutte contre ce fléau à travers des campagnes de vulgarisation des textes de loi, des mécanismes de prise en charge des victimes ; de sensibilisation des populations sur ses méfaits et la nécessité de dénoncer les cas.

Mais, les praticiennes et praticiens des MGF ont changé de stratégie et depuis un certain nombre d’années, le phénomène est devenu transfrontalier. Des femmes et des filles sont déplacées pour subir l’opération ou ce sont les gardiennes et gardiens de cette pratique dégradante qui migrent pour commettre l’infraction et se faufilent. Pire, pour opérer de façon clandestine, la pratique se fait sur des nourrissons.

Face à cette situation, le Bénin a corsé la répression en se dotant en 2021 d’une loi relative aux infractions commises du fait du sexe afin de décourager la récidive.

 

Quelles sont les recommandations de votre institution pour mettre fin aux mutilations génitales féminines au Bénin ?

Avant de parler des recommandations, je voudrais exprimer les sincères remerciements de Social Watch Bénin à tous les Partenaires au développement qui accompagnent le Bénin, aux fins de l’effectivité de l’intégrité voire, de l’autonomie de la femme et de la fille dans notre pays et saluer entre autres, l’avènement du programme SWEDD au Bénin qui va beaucoup jouer dans la lutte synergique contre cette pratique avilissante.

En somme, les progrès effectués par le Gouvernement pour renforcer le cadre juridique et institutionnel sont louables. Enfin, je formule les propositions alternatives ci-après :

  • la mise à disposition de ressources financières adéquates par le gouvernement, dans le capital humain surtout, dans les secteurs de l’éducation intégrée, la santé, etc… pour traquer ce phénomène afin de le booster hors du Bénin ;
  • l’application effective de la nouvelle loi relative aux infractions commises du fait du sexe pour décourager cette pratique ;
  • la synergie d’actions en faveur du renforcement de la lutte contre les MGF.

« Ensemble ! Disons NON aux mutilations génitales féminines et agissons pour leur élimination » !

Merci