Longtemps attendue, la rencontre avec la présidente de la Cour des comptes et les acteurs de la société civile est devenue une réalité.

Après avoir activement plaidé pour l’avènement et l’opérationnalisation de la Cour, la société civile tenait à assurer cette dernière de sa confiance et de son accompagnement dans le contrôle des comptes publics.

« Nous souhaitons développer avec votre juridiction un cadre formel de dialogue et de travail », a laissé entendre Blanche Sonon, présidente du Réseau Social Watch Bénin.

Elle a insisté sur le grand intérêt que la société civile accorde à l’amélioration de l’efficacité des dépenses relatives aux politiques publiques des services sociaux de base de même qu’au partenariat pour un gouvernement ouvert et à la transparence budgétaire. Sur cette dernière question, elle a rappelé la place occupée par le Bénin dans la 8e enquête mondiale sur le budget ouvert réalisée en 2021.

En dépit de sa 2e place au niveau continental après l’Afrique du sud et de sa 1ère place au niveau de l’UEMOA, le Bénin peut encore s’améliorer, a-t-elle fait remarquer, tout en tenant à rappeler quelques recommandations formulées par l’enquête à l’endroit de la Cour des comptes : inviter le public et les OSC aux audiences publiques pour l’adoption des documents de redevabilité sur le budget annuel ; définir un cadre et des mécanismes formels pour les relations avec le public y compris la société civile, publier en ligne le rapport d’audit dans les délais, etc.

« Dans sa mission de contrôle des finances publiques, la Cour peut compter sur la société civile. Nous sommes aussi là pour savoir les attentes que la juridiction nourrit à notre égard », a souligné Dr Peggy Tohinlo, représentante de la Plateforme des acteurs de la société civile au Bénin (PASCiB).

Pour Martin Vihoutou Assogba, directeur exécutif de l’ONG ALCRER, « la Cour est un acteur important dans la promotion de la bonne gouvernance car les audits ou les contrôles qu’elle assure participent d’une discipline certaine dans l’utilisation de l’argent public ».

Il s’est particulièrement appesanti sur l’amélioration du contrôle juridictionnel des comptes de gestion des communes qui enregistre depuis 2003 d’importants retards.

A ce sujet, un document de plaidoyer réalisé par la société civile, sous l’égide d’ALCRER, avec le soutien de la Coopération Suisse, a été officiellement remis à la présidente de la Cour. Le document a fait le point des dysfonctionnements et a proposé quelques axes d’amélioration du processus d’apurement juridictionnel des comptes de gestion des collectivités territoriales.

 

Le réseau Social Watch Bénin a également remis officiellement à la Cour une série de documents produits pour faire connaître la Cour auprès du public.

La Cour reste « ouverte »

La présidente Ismath Bio Tchané Mamadou a salué la démarche de la société civile et l’intérêt qu’elle porte à la juridiction financière.

Sans promettre la formalisation d’un cadre de dialogue, elle a rassuré les OSC que les portes de la Cour restent ouvertes et qu’il n’y a pas d’obstacle à ce que les deux parties s’asseyent de temps en temps pour échanger.

Ensuite, elle a confié sa satisfaction de voir progressivement se mettre en place les ressources humaines, matérielles et financières dont son institution a besoin pour son fonctionnement.

« Je m’attendais à une visite de courtoisie mais la séance nous a permis d’aborder des sujets d’une grande importance pour le pays. J’ai beaucoup apprécié d’avoir votre point de vue sur ces sujets…», a déclaré la présidente en levant la séance à laquelle Serge Batonon, secrétaire général de la Cour a pris part.