Chaque 10 août de l’année, l’Union africaine (UA) célèbre la journée africaine de la décentralisation et du développement local dont la première édition a eu lieu en 2012. Cette année (2024), elle commémore cette journée sous le thème : ”Etablir un système d’éducation et de formation solide ancré dans les réalités de l’Afrique au niveau local”.

Conformément à l’objectif visé par les Chefs d’Etats et de Gouvernements en instituant cette journée, acteurs étatiques et non étatiques devraient saisir l’occasion de cette journée pour porter de façon particulière leur attention sur les défis que soulèvent et les opportunités qu’offrent la décentralisation et la gouvernance locale.

Ainsi, Social Watch Bénin, réseau d’Organisations de la Société Civile (OSC), travaillant régulièrement avec les collectivités territoriales au Bénin saisit l’évènement pour appeler toutes les parties prenantes au développement local, mais beaucoup plus les décideurs au plus haut niveau, à s’engager pour la promotion des valeurs et principes de la charte africaine consacrée à la décentralisation, à la gouvernance locale et au développement local. Processus consistant pour l’État à transférer au profit des collectivités territoriales certaines compétences et les ressources correspondantes, la décentralisation au Bénin a débuté dans les années 2000 avec les premières élections municipales de 2002.

Elle est perçue comme facteur de dynamisme de participation et de développement économique durable. Autrement dit, l’objectif premier de la décentralisation est développement local.

Peut-on prétendre au développement sans une éducation et formation solide ? Et plus est, au développement local qui est une dynamique économique et sociale, concertée et impulsée par des acteurs individuels et collectifs sans ces deux exigences ?

L’éducation et la formation solide susceptibles de conduire au développement tant souhaité peuvent-elles entièrement provenir de l‘extérieur ou être coupées des réalités de l’Afrique ?

Art de former une personne en développant ses qualités physiques, intellectuelles et morales, de façon à lui permettre d’affronter sa vie personnelle et sociale avec une personnalité suffisamment épanouie, l’éducation est d’une importance capitale et influence fondamentalement le comportement des individus au sein d’un territoire. Chaque peuple a ses réalités dont il faut forcément tenir compte dans l’éducation qu’on lui donne pour en récolter des agents de développement ! C’est justement la raison pour laquelle le thème de la 13ème édition de la journée africaine de la décentralisation et du développement local porte sur ces deux importantes actions.

En effet, au Bénin après une vingtaine d’années de pratique de décentralisation, le développement local quoiqu’en marche est perçu par certains acteurs de développement comme stationnaire ou allant à un rythme très lent. Et pour causes, l’inexistence d’un système d’éducation et de formation solide ancré dans les réalités africaines au niveau local et un faible transfert de ressources vers les collectivités territoriales.

Le thème de la 13ème journée est donc une interpellation des gouvernants sur l’implication des acteurs locaux dans la définition des différents programmes de formation devant produire des citoyens enclins au développement de leur localité à travers leur participation. L’éducation revêt une importance capitale dans la vie d’une nation et celle des individus. Elle n’a de mérite qu’autant qu’elle a la capacité d’être entièrement endogène avant de se projeter vers l’extérieur.

Les décideurs au niveau central doivent tenir compte des réalités locales spécifiques pour établir des programmes de formation adaptés aux apprenants.
Pour ce faire, le rôle des collectivités territoriales devraient aller au-delà des charges de construction, d’équipement, d’entretien et de réparation.

Les autorités centrales doivent associer les collectivités territoriales à tous les programmes d’éducation et de formation et les renforcer institutionnellement afin qu’elles jouent efficacement leur rôle dans la décentralisation.

Outre ces recommandations, il importe de renforcer l’éducation qui contribue à la construction de territoires sûrs, épanouis et des communautés résilientes en tenant compte des préoccupations réelles des hommes et des femmes qui forment le pays d’une part, et répondre aux défis de la formation et de l’emploi des jeunes et promouvoir le bien-être des populations d’autre part.

Il paraît également urgent de conjuguer les moyens, les efforts à toutes les intelligences au service des jeunes et d’intégrer dans la planification territoriale en harmonie avec la décentralisation la crise sécuritaire dans le nord.

Aussi, le système d’éducation et de formation solide ancré dans les réalités nationales voire africaines au niveau local nécessite-t-il des gouvernants une remise en cause afin d’apprendre davantage et acquérir des connaissances nouvelles auprès des bénéficiaires pour des succès patents. Un système d’éducation et de formation solide dans tout pays sérieux se fonde sur un état civil performant.

C’est pourquoi, la date du 10 août coïncide avec la journée africaine de l’enregistrement des faits d’état civil et statistiques de l’état civil dont le thème cette année est « Renforcer les liens entre l’enregistrement des faits d’état civil et statistiques de l’état civil et les systèmes d’identité juridique par la transition numérique au service d’une inclusion plus forte ».