Avec les dernières élections législatives, le Bénin se retrouve une fois encore à un carrefour de son histoire.
Il est question aujourd’hui de choisir entre la voie du dialogue, de la réhabilitation de la démocratie et de la paix d’une part, et la voie de l’extrémisme, de l’incertitude, et de l’aventure d’autres parts.
Sur décision de son Conseil d’Administration en sa session du 11 Avril 2019 et de son Assemblée Générale en sa session du 12 Avril 2019, Social Watch Bénin avait pris position contre les élections législatives non inclusives.
Pour Social Watch Bénin, les réformes sont nécessaires lorsqu’elles permettent de passer de façon systémique et inclusive d’un état d’être à un état de mieux-être. Lorsque ces réformes portent sur des questions politiques électorales, la pratique née de la Conférence Nationale des Forces Vives de la Nation veut qu’elles soient consensuelles et inclusives.
C’est pour cela que depuis les débats parlementaires sur les réformes touchant à la question des élections, notamment en ce qui concerne la Charte des Partis Politiques et le Code Electoral, la Société Civile en générale et Social Watch Bénin en particulier ont toujours insisté sur la nécessité de rendre consensuels et inclusifs les instruments et le processus qui devront gouverner l’organisation des élections.
Aujourd’hui, malgré tous les appels, le lobbying et la médiation des organisations de la Société Civile, de la CEDEAO, de l’Union Africaine, et de la Communauté Internationale en générale, les dernières élections législatives dont les résultats viennent d’être donnés par la Cour Constitutionnelle, sont restées non inclusives et non démocratiques en excluant tous les partis de l’opposition. En l’état, le Bénin devient ainsi donc un pays avec un régime présidentiel fort, et un parlement à cent pour cent acquis à la cause du Chef de l’Etat. Un tel dispositif de gouvernance ne garantit pas la transparence dans la gestion des ressources publiques, augmente le risque du conflit d’intérêts et renforce les frustrations au sein des citoyens.
Avec un taux d’abstention record de plus de soixante-dix pour cent, le processus électoral creuse d’avantage l’écart entre la légalité et la légitimité.
Ainsi avec un parlement très peu légitime et totalement acquis à la cause de l’Exécutif, il y a donc nécessité d’entrevoir des mécanismes consensuels susceptibles de rapprocher la légalité de la légitimité.
Au regard de tout ce qui précède, le Réseau Social Watch Bénin, en tant qu’organisation de Contrôle Citoyen de l’Action Publique invite à la paix, lance un appel urgent au Chef de l’Etat, aux institutions de la République, aux partis politiques, à la Communauté Internationale et à toutes les parties prenantes pour engager dans les meilleurs délais un dialogue national inclusif pour la réhabilitation de la démocratie béninoise. Ce dialogue doit permettre, en toute sincérité et dans un esprit de tolérance réciproque, de diagnostiquer et d’extirper de manière consensuelle tous les éléments crisogènes et conflictogènes contenus dans les dispositions légales.
La conviction forte de Social Watch Bénin est que de nos faux-pas d’aujourd’hui, nous pourrions tirer leçons, grandir et redevenir le modèle démocratique tant apprécié par le monde entier.
Fait à Cotonou le 03 mai 2019
Pour le Conseil d’Administration
La Présidente
Blanche SONON
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